Aller au contenu

Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

blanc en dessous ; le ventre est teinté de roux, la nuque et les joues sont blanches.

Le nid est tantôt placé dans l’enfourchure des hautes branches d’un arbuste, tantôt dans l’épais fourré d’un buisson à quelques pieds de terre ; mais il est plus souvent accolé au tronc d’un saule ou d’un peuplier. Sa forme est celle d’un ovale allongé, ou mieux d’un énorme cocon élargi par la base. Il a son entrée sur le côté, à un pouce environ du sommet de la voûte. La coque extérieure se compose de lichens conformes à ceux qui viennent sur l’arbre servant de support, afin de se confondre avec l’écorce et de tromper les regards des passants. Des filaments de laine en retiennent toutes les parties enchevêtrées entre elles. Le dôme, pour mieux résister à la pluie, est un feutre épais de mousse et de fils d’araignée. L’intérieur ressemble à la cavité d’un four dont le sol serait excavé en coupe et la voûte très élevée. Cette forme est la plus favorable à la conservation de la chaleur. Un lit très épais de plumes soyeuses forme l’ameublement du nid. Là reposent seize à vingt oisillons, rangés avec ordre dans l’étroite conque, de la grandeur au plus du creux de la main. Par quel miracle de parcimonieux emménagement ces vingt petites créatures avec leur mère trouvent-elles place en ce logis ? comment d’aussi longues queues peuvent-elles s’y développer ? On chercherait vainement plus belle application de l’économie de l’espace.

Émile. — Que j’aimerais à voir les vingt petites mésanges dans le fond de leur nid !

Paul. — J’ai eu dans le temps cette bonne fortune. Aujourd’hui encore l’émotion me gagne quand je songe aux vingt petites têtes qui se dressèrent du fond du nid, tremblotant et ouvrant le bec comme à l’approche de leur mère. Par l’orifice du four, un coup d’œil fut rapidement donné à ce gracieux spectacle, et je me retirai. Les parents étaient déjà là, la plume ébouriffée d’anxiété. Ne craignez rien, petits oiseaux si vigilants pour votre famille, ce n’est pas l’oncle Paul qui commettra le sacrilège de toucher à vos nids.

Émile. — Émile non plus.

Louis. — Jules et Louis pas davantage.

Paul. — Je l’espère bien, sinon l’oncle Paul ne raconterait plus d’histoires.

Le nid de la mésange penduline est encore plus remar-