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raconta que, lorsqu’on veut déménager un chat d’une ferme dans une autre assez éloignée, on le met dans un sac que l’on fait rapidement tourner au moment du départ. On empêche ainsi l’animal de revenir à la maison quittée. Bien d’autres, après Favier, me répétèrent la même pratique. À leur dire, la rotation dans un sac était infaillible ; le chat dérouté ne revenait plus. Je transmis en Angleterre ce que je venais d’apprendre ; je racontai au philosophe de Down comment le paysan avait devancé les investigations de la science. Charles Darwin était émerveillé ; je l’étais aussi, et nous comptions l’un et l’autre presque sur un succès.

Ces pourparlers avaient lieu en hiver ; j’avais tout le temps de préparer l’expérimentation qui devait se faire au mois de mai suivant. « Favier, dis-je un jour à mon aide, il me faudrait les nids que vous savez. Allez chez le voisin, demandez-lui l’autorisation et montez sur le toit de son hangar, avec des tuiles neuves et du mortier que vous prendrez chez le maçon ; vous enlèverez à la toiture une douzaine des tuiles les mieux garnies et vous les remplacerez à mesure. »

Ainsi fut fait. Le voisin se prêta de très bonne grâce à l’échange de tuiles, car il est obligé de démolir lui-même, de temps en temps, l’ouvrage de l’abeille maçonne, s’il ne veut s’exposer à voir sa toiture crouler un jour. J’allais au-devant d’une réparation d’une année à l’autre très urgente. Le soir-même, j’étais en possession de douze superbes fragments de nid, de forme rectangulaire et reposant chacun sur la face convexe d’une tuile, c’est-à-dire sur la face qui regardait l’intérieur du hangar. J’eus la curiosité de peser le plus