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au mur. Il visite un à un les entonnoirs de l’Araignée, sur lesquels il marche avec la même aisance que sur la pierre ; il inspecte les tubes de soie, il y plonge les antennes, sonde exploratrice ; il y pénètre sans la moindre hésitation. D’où lui vient maintenant cette témérité de s’engager ainsi dans les repaires de la Ségestrie ? Tout à l’heure, il était d’une réserve extrême ; en ce moment, il semble insoucieux du péril. C’est qu’il n’y a pas péril en réalité. L’hyménoptère visite des domiciles sans habitants. Quand il s’engouffre dans un tube de soie, il sait très bien qu’il n’y a personne, car si la Ségestrie était présente, elle aurait déjà paru sur le seuil du logis. La propriétaire ne se montrant pas au premier ébranlement des fils du voisinage, c’est la preuve certaine que le tube est vacant ; et le Pompile s’y engage en toute sécurité. Je recommanderai aux observateurs futurs de ne pas prendre les recherches actuelles pour des manœuvres de chasse. Je l’ai dit et je le répète : jamais le Pompile ne pénètre dans l’embuscade de soie tant que l’Araignée s’y trouve.

Parmi les entonnoirs visités, l’un paraît lui convenir plus que les autres il y revint souvent au cours de ses recherches, qui durent bien près d’une heure. Entre temps, il accourt à l’Araignée, gisant à terre ; il la visite, la tiraille, la rapproche un peu du mur, puis la quitte pour mieux reconnaître le tube objet de ses prédilections. Enfin il revient à la Ségestrie et la saisit par le bout du ventre. La proie est si lourde, qu’il peut à grande peine la remuer sur le sol horizontal. Deux pouces le séparent de la muraille. Il y arrive non sans efforts, et néanmoins, une fois le mur atteint, la besogne s’accomplit prestement. Antée, fils de la Terre, dans sa