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II

L’AMMOPHILE HÉRISSÉE


Un jour de mai, allant et revenant, j’épiais ce qui pouvait se passer de nouveau dans le laboratoire de l’harmas. Favier n’était pas loin, occupé au travail du jardin potager. Qu’est-ce que Favier ? Autant vaut en dire tout de suite quelques mots, car il reviendra dans mes récits.

Favier est un ancien soldat. Il a dressé son gourbi sous les caroubiers de l’Afrique, il a mangé des oursins à Constantinople, il a chassé l’étourneau en Crimée quand chômait la mitraille. Ayant beaucoup vu, il a beaucoup retenu. En hiver, alors que le travail des champs se termine vers quatre heures et que les soirées sont si longues, le râteau, la fourche et la brouette rentrés, il vient s’asseoir sur la haute pierre du foyer de la cuisine où flambent les rondins de chêne-vert. La pipe est tirée, méthodiquement