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l’épreuve avec les divers hyménoptères qui viennent butiner sur les lilas en fleurs devant ma fenêtre, et en particulier avec les Anthophores mâles ; le résultat se maintient le même : les larves s’implantent au milieu des poils de leur thorax. Mais après tant de désappointements on devient méfiant ; aussi convient-il d’aller observer le fait sur les lieux mêmes ; les vacances scolaires de Pâques arrivent d’ailleurs fort à propos pour faire à loisir ces observations.

J’avouerai que ce ne fut pas sans quelques battements de cœur plus précipités qu’à l’ordinaire, que je me trouvai de nouveau en face du talus à pic où niche l’Anthophore. Que va décider l’expérience ? Va-t-elle encore une fois me couvrir de confusion ? Le temps est froid, pluvieux ; aucun hyménoptère ne se montre sur le petit nombre de fleurs printanières épanouies. À l’entrée des galeries sont blotties de nombreuses Anthophores immobiles, transies. À l’aide de pinces, je les sors une à une de leur cachette pour les examiner à la loupe. La première a des larves de Sitaris sur le thorax ; la seconde en a également, la troisième, la quatrième de même, et ainsi de suite, aussi loin que je désire pousser cet examen. Je change de galerie, dix, vingt fois, le résultat est invariable. Il y eut là, pour moi, un de ces moments comme en ont ceux qui, après avoir pendant des années tourné et retourné une idée de toutes les manières, peuvent enfin s’écrier ; Eurêka !

Les journées suivantes, un ciel tiède et serein permit aux Anthophores de quitter leurs retraites pour se répandre dans la campagne et butiner sur les fleurs. Je recommençai mon examen sur ces Anthophores volant sans relâche d’une fleur à l’autre, soit dans le voisi-