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d’admiration devant les moyens aussi efficaces que variés prodigués à la débile créature pour conserver son périlleux équilibre.

Avant de raconter ce que deviennent les larves de Sitaris en abandonnant le corps des Anthophores, je ne saurais passer sous silence une particularité fort remarquable. Tous les hyménoptères envahis par ces larves et observés jusqu’ici se sont trouvés, sans une seule exception, des Anthophores mâles. Ce sont des mâles que j’ai retirés de leurs cachettes ; ce sont des mâles que j’ai saisis sur les fleurs ; et malgré d’actives recherches, je n’ai pu trouver une seule femelle en liberté. La cause de cette absence totale de femelles est facile à reconnaître.

En abattant quelques mottes de terre de la nappe occupée par les nids, on voit que si tous les mâles ont déjà ouvert et abandonné leurs cellules, les femelles, au contraire, y sont encore incluses, mais sur le point de prendre bientôt l’essor. Cette apparition des mâles un mois presque avant la sortie des femelles, n’est pas particulière aux Anthophores ; je l’ai constatée chez beaucoup d’autres hyménoptères, et en particulier chez l’Osmia tricornis qui habite le même emplacement que l’Anthophora pilipes. Les mâles de l’Osmie apparaissent même avant ceux de l’Anthophore, et à une époque si précoce, qu’alors les jeunes larves de Sitaris ne sont peut-être pas encore excitées par l’instinctive impulsion qui les met en activité. C’est, sans doute, à leur réveil précoce que les mâles de l’Osmie doivent de pouvoir traverser impunément les corridors où sont entassées les jeunes larves de Sitaris, sans que ces dernières s’attachent à leur toison ; du moins, je