Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, deuxième série, 1894.pdf/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment où elle y dépose un œuf ou au moment où elle en construit le couvercle. Mais quelques essais nous auront bientôt convaincu que le seul instant qui puisse permettre au Sitaris de s’établir dans la demeure de l’hyménoptère est l’instant même où l’œuf est déposé à la surface du miel.

Prenons une cellule d’Anthophore pleine de miel et munie d’un œuf et, après en avoir enlevé le couvercle, déposons-la dans un tube de verre avec quelques larves de Sitaris. Les larves ne paraissent nullement affriandées par ce trésor de nectar qu’on vient de mettre à leur portée ; elles errent au hasard dans le tube, parcourent le dehors de la cellule, arrivent parfois sur le bord de son orifice, et très rarement s’aventurent dans son intérieur, sans y plonger bien avant et pour ressortir aussitôt. Si quelqu’une arrive jusqu’au miel, qui ne remplit qu’à demi la cellule, elle cherche à fuir dès qu’elle a éprouvé la mobilité du sol gluant sur lequel elle allait s’engager ; mais trébuchant à chaque pas, par suite de la viscosité qui s’est attachée à ses pattes, elle finit souvent par retomber dans le miel où elle périt étouffée.

On peut encore expérimenter de la manière suivante. Après avoir préparé une cellule comme précédemment, on dépose, avec tout le soin possible, une larve sur sa paroi interne, ou bien à la surface même des provisions. Dans le premier cas, la larve se hâte de sortir ; dans le second cas, elle se débat quelque temps à la surface du miel, et finit par s’y empêtrer tellement, qu’après mille efforts pour gagner la rive, elle est étouffée dans le lac visqueux.

En somme, toutes les tentatives pour faire établir la