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cette larve primaire est une sorte de petit pou jaune, étroit et allongé, qu’on trouve, au printemps, au milieu du duvet de divers hyménoptères.

Comment cet animalcule a-t-il passé de la demeure souterraine où les œufs viennent d’éclore, dans la toison d’une abeille ? Newport soupçonne que les jeunes Méloés, à l’issue du terrier natal, grimpent sur les plantes voisines, spécialement sur les Chicoracées, et attendent, cachés entre les pétales, que quelques hyménoptères viennent butiner dans la fleur, pour s’attacher tout aussitôt à leur fourrure et se laisser emporter avec eux. J’ai mieux que les soupçons de Newport, j’ai sur ce point curieux des observations personnelles, des expérimentations qui ne laissent rien à désirer. Je vais les rapporter comme premier trait de l’histoire du Pou des Abeilles. Elles datent du 23 mai 1858.

Un talus vertical, encaissant la route de Carpentras à Bédoin est cette fois le théâtre de mes observations. Ce talus, calciné par le soleil, est exploité par de nombreux essaims d’Anthophores qui, plus industrieuses que leurs congénères, savent bâtir à l’entrée de leurs couloirs, avec des filets vermiculaires de terre, un vestibule, un bastion défensif en forme de cylindre arqué, en un mot par des essaims d’Anthophora parietina. Un maigre tapis de gazon s’étend du bord de la route au pied du talus. Pour suivre plus à l’aise les abeilles en travail, dans l’espoir de leur dérober quelque secret, je m’étais étendu depuis peu d’instants sur ce gazon, au cœur même de l’essaim inoffensif, lorsque mes vêtements se trouvèrent envahis par des légions de petits poux jaunes, courant avec une ardeur désespérée dans