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thophore sert donc uniquement de véhicule vers un but qui est une cellule approvisionnée.

Il nous reste à apprendre comment le Méloé abandonne le duvet de l’abeille qui l’a voituré pour pénétrer dans la cellule. Avec des larves recueillies sur le corps de divers hyménoptères, j’ai fait, avant de connaître à fond la tactique des Sitaris, et Newport avait fait avant moi, des recherches pour jeter quelque jour sur ce point capital de l’histoire des Méloés. Mes tentatives, calquées sur celles que j’avais entreprises sur les Sitaris, ont éprouvé le même échec. L’animalcule, mis en rapport avec des larves ou des nymphes d’Anthophore, n’a donné aucune attention à cette proie ; d’autres, placés dans le voisinage de cellules ouvertes et pleines de miel, n’y ont pas pénétré ou tout au plus ont visité les bords de l’orifice ; d’autres enfin, déposés dans la cellule, sur sa paroi sèche ou à la surface du miel, sont ressortis aussitôt ou bien ont péri englués. Le contact du miel leur est aussi fatal qu’aux jeunes Sitaris.

Des fouilles faites, à diverses époques, dans les nids de l’Anthophora pilipes, m’avaient appris, depuis quelques années, que le Méloé à cicatrices est, comme le Sitaris, parasite de cet hyménoptère ; j’avais, en effet, trouvé de temps à autre, dans les cellules de l’abeille, des Méloés adultes, morts et desséchés. D’autre part, je savais, par L. Dufour, que l’animalcule jaune, que le pou qu’on trouve dans le duvet des hyménoptères avait été reconnu, grâce aux recherches de Newport, comme étant la larve des Méloés. Avec ces notions, rendues plus frappantes par ce que j’apprenais chaque jour au sujet des Sitaris, je me suis rendu à Carpentras,