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de l’Australie, notamment les Chlamydères, se construisent des allées couvertes, des chalets de plaisance, avec des branchages entrelacés. Pour décorer les deux entrées du portique, l’oiseau dépose sur le seuil tout ce qu’il peut trouver de luisant, de poli, de vivement coloré. Chaque devant de porte est un cabinet de curiosités, où le collectionneur amasse de petits cailloux lisses, coquilles variées, escargots vides, plumes de perroquet, ossements devenus semblables à de bâtonnets d’ivoire. Le bric-à-brac égaré par l’homme se retrouve dans le musée de l’oiseau. On y voit des tuyaux de pipe, de boutons de métal, des lambeaux de cotonnade, des haches en pierre pour tomahawk.

À chaque entrée du chalet, la collection est assez riche pour remplir un demi-boisseau. Comme ces objets ne sont d’aucune utilité pour l’oiseau, le mobile qui les fait amasser ne peut être qu’une satisfaction d’amateur. Notre vulgaire Pie a des goûts analogues : tout ce qu’elle rencontre de brillant, elle le recueille, elle va le cacher pour s’en faire un trésor.

Eh bien ! l’Eumène, passionné lui aussi pour le caillou luisant et l’escargot vide, est le Chlamydère des insectes ; mais collectionneur mieux avisé, sachant marier l’utile à l’agréable, il fait servir ses trouvailles à la construction de son nid, en même temps forteresse et musée. S’il trouve des noyaux de quartz translucide, il dédaigne le reste : l’édifice en sera plus beau. S’il rencontre une petite coquille blanche, il se hâte d’en embellir son dôme ; si la fortune lui sourit, si l’hélice vide abonde, il en incruste tout l’ouvrage, alors superlative expres-