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différence, bien qu’on nous dise aujourd’hui quelque peu parents, presque cousins. J’ai le besoin de savoir, et volontairement me rôtis ; tu ne l’as pas, et te retires au frais. »

Oui, les heures sont longues à l’affût d’un insecte qui ne vient pas. Dans le bois de pins du voisinage un couple de Huppes se poursuivent avec les agaceries amoureuses du printemps. Oupoupou ! fait le mâle sur un ton voilé, Oupoupou ! L’antiquité latine appelait la Huppe Upupa, l’antiquité grecque la nommait Εποπος (ΕποΨ). Mais Pline de u faisait ou et devait prononcer Oupoupa, comme me l’enseigne le cri imité dans le nom. Rarement j’ai reçu leçon de prononciation latine mieux autorisée que la tienne, bel oiseau qui fais diversion à mes longs ennuis. Fidèle à ton idiome tu dis Oupoupou comme tu le disais du temps d’Aristote et de Pline, comme tu le disais lorsque ta note sonna pour la première fois. Mais les idiomes à nous, les idiomes primitifs, que sont-ils devenus ? L’érudit ne peut même en retrouver la trace. L’homme change, l’animal est immuable.

Enfin, enfin nous y voici ! l’Odynère arrive, d’un vol silencieux comme celui de l’Eumène. Il disparaît dans le cylindre courbe du vestibule et rentre chez lui avec un vermisseau sous le ventre. Une petite éprouvette en verre est disposée à la porte du nid. Quand l’insecte sortira, il sera pris. C’est fait, il est pris et aussitôt transvasé dans le flacon asphyxiateur à bandelettes de papier et sulfure de carbone. Et maintenant, mon chien, qui tire toujours la langue et frétille de la queue, nous pouvons partir : la journée n’a pas été perdue. Demain nous reviendrons.