Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’hésitation de l’Hyménoptère, empêtré de sa charge, a la durée d’un clin d’œil ; n’importe : cela suffit au moucheron pour accomplir son méfait sans se laisser entraîner au delà du seuil de la porte. Quelle ne doit pas être la souplesse de fonction des organes pour se prêter à cette ponte instantanée ! Le Bembex disparaît, introduisant lui-même l’ennemi au logis ; et le Tachinaire va se tapir au soleil, à proximité du terrier, pour méditer de nouvelles noirceurs. Si l’on désire vérifier que les œufs du Diptère ont été réellement déposés pendant cette rapide manœuvre, il suffit d’ouvrir le terrier et de suivre le Bembex au fond du logis. La proie qu’on lui saisit porte en un point du ventre au moins un œuf, parfois plus, suivant la durée du retard éprouvé à l’entrée. Ces œufs, de très petite taille, ne peuvent appartenir qu’au parasite ; d’ailleurs, s’il restait des doutes, l’éducation à part dans une boîte donne pour résultat des larves de Diptère, plus tard des pupes et enfin des Miltogrammes.

L’instant adopté par le moucheron est choisi avec un discernement supérieur : c’est le seul où il lui soit permis d’accomplir ses desseins sans péril, sans vaines poursuites. L’Hyménoptère, à demi engagé dans le vestibule, ne peut voir l’ennemi, si audacieusement campé sur l’arrière-train de la proie ; s’il soupçonne la présence du bandit, il ne peut le chasser, n’ayant pas sa liberté de mouvements dans l’étroit couloir ; enfin, malgré toutes ses précautions pour faciliter l’entrée, il ne peut disparaître toujours sous terre avec la célérité nécessaire, tant le parasite est prompt. En vérité, voilà l’instant propice et le seul, puisque la prudence défend au Diptère de pénétrer dans l’antre où d’autres Diptères, bien plus vigoureux que lui, servent de pâture à la larve. Au dehors, en plein air, la difficulté est insurmontable, tant est grande la vigilance des Bembex. Donnons un instant à l’arrivée de la mère