Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/76

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miner à l’avance, est encore fort loin de suffire : l’Hyménoptère a une difficulté bien plus grande à surmonter, et il la surmonte avec une supériorité qui vous saisit de stupeur. Les centres nerveux qui animent les organes locomoteurs de l’insecte parfait sont, disons-nous, au nombre de trois. Ils sont plus ou moins distants l’un de l’autre ; quelquefois, mais rarement, rapprochés entre eux. Enfin, ils possèdent une certaine indépendance d’action, de telle sorte que la lésion de l’un d’eux n’amène, immédiatement du moins, que la paralysie des membres qui lui correspondent, sans trouble dans les autres ganglions, et les membres auxquels ces derniers président. Atteindre l’un après l’autre ces trois foyers moteurs, de plus en plus reculés en arrière, et cela par une voie unique, entre la première et la seconde paire de pattes, ne semble pas opération praticable pour l’aiguillon, trop court, et d’ailleurs si difficile à diriger en de pareilles conditions. Il est vrai que certains coléoptères ont les trois ganglions thoraciques très rapprochés, contigus presque ; il en est d’autres chez lesquels les deux derniers sont complètement réunis, soudés, fondus ensemble. Il est aussi reconnu qu’à mesure que les divers noyaux nerveux tendent à se confondre et se centralisent davantage, les fonctions caractéristiques de l’animalité deviennent plus parfaites, et par suite, hélas ! plus vulnérables. Voilà vraiment la proie qu’il faut aux Cerceris. Ces Coléoptères à centres moteurs rapprochés jusqu’à se toucher, assemblés même en une masse commune et de la sorte solidaires l’un de l’autre, seront à l’instant même paralysés d’un seul coup d’aiguillon ; ou bien, s’il faut plusieurs coups de lancette, les ganglions à piquer seront tous là, du moins, réunis sous la pointe du dard.

Ces Coléoptères, proie éminemment facile à paralyser, quels sont-ils ? Là est la question. La haute science