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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

Une fois l’emplacement nettoyé de partout, commence le travail du cadre et du réseau sur l’appui du cable suspenseur respecté. Ne serait-il pas plus simple de remettre en état la vieille toile qui, bien des fois, pourrait servir encore après réparation de quelques accrocs ? Oui, semble-t-il ; mais l’Araignée sait-elle raccommoder son ouvrage comme une ménagère ravaude son linge ? Là est la question.

Refaire des mailles rompues, remplacer des fils cassés, ajuster correctement le neuf au vieux, enfin rétablir l’ordre primitif en rassemblant des ruines, ce serait prouesse de grande portée qui prouverait, supérieurement bien, des éclaircies aptes à des combinaisons intellectuelles. Nos ravaudeuses excellent en semblable travail. Elles ont pour guide la raison qui mesure les vides, combine les arrangements et met en place requise le morceau. L’Araignée possède-t-elle l’analogue de cette lucidité ?

On l’affirme sans y avoir regardé de bien près apparemment. Pour gonfler des vessies théoriques, les scrupules de l’observation ne sont pas nécessaires. On va de l’avant, et cela suffit. Quant à nous, moins audacieux, informons-nous d’abord ; demandons à l’expérience si, réellement, l’Araignée sait restaurer son ouvrage.

L’Épeire angulaire, cette proche voisine qui m’a déjà fourni tant d’autres documents, vient de terminer sa toile à neuf heures du soir. La nuit est superbe, calme et chaude, propice aux rondes des Phalènes. La chasse promet d’être bonne. Au moment où, la grande spirale terminée, l’Épeire va manger le coussinet central et s’installer en son aire de repos, avec de fins ciseaux je fends la toile en deux suivant un diamètre. Par le re-