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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/12

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

merce d’amitié avec l’Araignée. Je l’admets dans l’intimité de mon cabinet de travail, je lui fais place au milieu de mes livres, je l’installe au soleil sur le bord de ma fenêtre, je la visite passionnément chez elle, à la campagne. Nos rapports n’ont pas pour but de faire simple diversion aux ennuis de la vie, misères dont j’ai ma part tout comme un autre, ma très large part ; je me propose de soumettre à l’Araignée une foule de questions auxquelles, parfois, elle daigne répondre.

Ah ! les beaux problèmes que suscite sa fréquentation ! Pour les exposer dignement, ne serait pas de trop le merveilleux pinceau que devait acquérir le petit imprimeur. Il faudrait ici la plume d’un Michelet, et je n’ai qu’un rude crayon, mal taillé. Essayons, malgré tout : pauvrement vêtue, la vérité est encore belle.

Je reprends donc l’histoire des instincts de l’Araignée, histoire dont le précédent volume a donné très incomplet essai. Depuis ces premières études, le champ des observations s’est beaucoup agrandi. De nouveaux faits, et des plus remarquables, sont venus enrichir mon registre de notes. Il convient de les mettre à profit pour une biographie plus développée.

L’ordre et la clarté du sujet m’exposent, il est vrai, à quelques redites. C’est inévitable quand il faut disposer en un tableau d’ensemble mille détails cueillis au jour le jour, souvent à l’improviste et sans liaison entre eux. L’observateur n’est pas maître de son temps ; l’occasion le mène, par des voies insoupçonnées. Telle question suscitée par un premier fait n’a de réponse que des années après. Elle s’élargit d’ailleurs, se complète par des aperçus glanés en chemin. Dans un travail ainsi fragmenté, des redites s’imposent donc, né-