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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/198

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XV

L’ARAIGNÉE LABYRINTHE

Si les Épeires, superbes tendeuses de rets verticaux, sont des filandières incomparables, bien d’autres Aranéides excellent en ingéniosités pour se remplir l’estomac et laisser descendance, lois primordiales des vivants. Il s’en trouve de célèbres, connues depuis longtemps et mentionnées dans tous les livres.

Certaines Mygales habitent un terrier, à l’exemple de la Lycose de Narbonne, mais avec un perfectionnement ignoré de la brutale Araignée des garrigues. Celle-ci dresse à l’embouchure de son puits un simple parapet, assemblage de graviers, de bûchettes et de soie ; les autres y mettent une rondelle mobile, un volet avec charnière, feuillure et système de serrurerie. La Mygale rentrée chez elle, le couvercle s’abat dans la feuillure avec telle précision que le joint est indiscernable. Si l’agresseur persiste et cherche à soulever la trappe, la recluse tire le verrou, c’est-à-dire implante ses griffettes dans certains trous à l’opposé de la charnière, s’arcboute contre la paroi et maintient la porte inébranlable.

Une autre, l’Argyronète, se construit au sein de l’eau, avec de la soie, une élégante cloche à plongeur où elle emmagasine de l’air. Ainsi pourvue de l’élément respirable, elle guette au frais la venue de la proie. En temps