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L’ARAIGNÉE LABYRINTHE

elle rejette de sa toile les reliefs épuisés. Bien que de longue durée, la consommation se fait on pleine sécurité. Dès la première morsure, le Criquet devient chose inerte ; le venin de l’Aranéide l’a foudrové.

Très inférieur comme œuvre d’art au fil de l’Épeire, combinaison de haute géométrie, le labyrinthe, malgré son ingéniosité, ne donne pas une idée favorable de son constructeur. Ce n’est guère qu’un échafaudage informe, érigé au hasard. L’ouvrière de cet édifice sans règles doit cependant avoir, comme les autres, ses principes du correct et du beau. Déjà l’embouchure du cratère, si joliment treillissée, nous le fait soupçonner ; le nid, chef-d’œuvre habituel des mères, va nous le démontrer en plein.

Quand approche le moment de la ponte, l’Aranéide change de domicile ; elle abandonne sa toile en excellent état, elle n’y revient plus. Prendra possession de l’immeuble qui voudra. L’heure est venue de fonder l’établissement de famille. Mais où ? L’Araignée le sait très bien ; moi, je l’ignore. Des matinées se dépensent en recherches sans résultat. En vain je fouille les fourrés supportant les toiles, je n’y trouve jamais rien qui réponde à mes espérances.

Le secret m’est enfin connu. Une toile se présente, déserte, mais non délabrée encore, signe d’un abandon récent. Au lieu de chercher dans la broussaille qui lui donne appui, inspectons les alentours, dans un rayon de quelques pas. S’il s’y trouve une touffe peu élevée, de bonne épaisseur, le nid est là, dérobé aux regards. Il porte avec lui certificat authentique de son origine, car la mère invariablement l’occupe.

Par cette méthode d’investigation, loin du traquenard