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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/212

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

majorité des cas, une fois logés en lieu propice, les œufs sont abandonnés à eux-mêmes, exposés aux chances de la bonne et de la mauvaise fortune. Mieux douée en dévouement maternel, l’Araignée des broussailles doit, au contraire, surveiller les siens jusqu’à l’éclosion, ainsi que le fait l’Araignée-Crabe.

Avec quelques fils et des folioles rapprochées, cette dernière bâtit au-dessus de son nid aérien une guérite sommaire, où elle se lient en permanence, très amaigrie, aplatie en une sorte d’écaille ridée, par suite du vide des ovaires et du défaut total de nourriture. Et cette guenille, presque une peau qui s’obstine à vivre sans manger, défend hardiment sa capsule aux œufs, fait le pugilat contre qui s’en approche. Elle ne se décide à mourir que lorsque les petits sont partis.

L’Araignée labyrinthe est mieux partagée. Après la ponte, loin d’être émaciée, elle conserve excellente apparence et ventre rondelet. De plus, toujours dispose à saigner le Criquet, elle garde bon appétit. Une demeure avec poste de chasse lui est donc nécessaire tout à côté des œufs surveillés. Nous la connaissons, cette demeure, édifiée suivant les rigoureux principes de l’art sous l’abri de mes cloches.

Rappelons-nous le magnifique corps de garde ovalaire, prolongé en vestibule à l’un et l’autre bout ; la chambre des œufs suspendue au centre et isolée de partout au moyen d’une dizaine de piliers ; le vestibule d’avant, dilaté en large embouchure et surmonté, comme traquenard, d’un lacis de fils tendus. La translucidité de l’enceinte nous permet le spectacle de l’Araignée en affaires de ménage. Son cloître à couloirs voûtés lui permet de se porter en tout point de la bourse étoilée,