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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/224

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

les chairs visqueuses ne sont probablement pas de son goût ? Le soupçon vient que c’est ici simple affaire de lest et d’équilibre stable. Pour empêcher sa nappe, filée dans l’angle des murs, de se déformer au moindre souffle d’air, la Tégénaire domestique la charge de plâtras ; elle y laisse s’amasser les menues ruines du mortier. Serions-nous en présence d’une industrie du même ordre ? Essayons l’expérimentation, préférable à toutes les conjectures.

Élever la Clotho n’est pas entreprise onéreuse, obligeant de transporter chez soi la pesante dalle où l’habitation est assise. Une manœuvre des plus simples suffit. Avec la pointe d’un canif, je détache de la pierre les amarres de suspension. Il est rare que l’Araignée détale, tant elle est casanière. Du reste, je mets à l’enlèvement de la case toute la réserve possible. J’emporte ainsi dans un cornet de papier le logis avec sa propriétaire.

Tantôt des rondelles de sapin, débris de vieilles boîtes à fromage, tantôt des tablettes de carton, remplacent les pierres plates, trop lourdes à transporter et trop encombrantes sur ma table. J’y dispose isolément le hamac de soie, en fixant, un par un, les prolongements anguleux avec des bandelettes de papier gommé. Trois brefs piliers supportent la préparation. Voilà, sous forme de petits dolmens, suffisamment imités les abris sous roche. Pendant tout ce travail, si l’on a soin d’éviter les chocs et les secousses, l’Araignée ne sort de chez elle. Enfin les appareils sont mis sous des cloches en toile métallique que reçoivent des terrines pleines de sable.

Le lendemain, on peut avoir déjà réponse à la ques-