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XIX

LE SCORPION LANGUEDOCIEN. — LE VENIN

Pour l’attaque de la menue proie, son habituelle nourriture, le Scorpion ne fait guère usage de son arme. Il saisit l’insecte des deux pinces et tout le temps le maintient de la sorte à la portée de la bouche, qui doucement grignote. Parfois, si le dévoré se démène et trouble la consommation, la queue s’incurve et vient à petits coups immobiliser le patient. En somme, le dard n’a qu’un rôle fort secondaire dans l’acquisition du manger.

Il n’est vraiment utile à l’animal qu’en un moment de péril, en face d’un ennemi. J’ignore contre quels adversaires la redoutable bête peut avoir à se défendre. Parmi les habitués des pierrailles, qui donc oserait l’attaquer ? Si je ne sais en quelles occasions, dans le cours normal des choses, le Scorpion doit veiller à sa défense, il m’est du moins loisible d’user d’artifice et de réaliser des rencontres qui l’obligeront à guerroyer de façon très sérieuse. Pour juger de la violence de son venin, je me propose, sans sortir du domaine entomologique, de le mettre en présence d’adversaires variés et puissants.

Dans un large bocal, avec couche de sable, appui moins glissant que le verre, sont introduits le Scorpion