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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

me les ruine. C’est le petit Cerambyx Cerdo, hôle habituel de l’aubépine. L’arôme cyanique, loin de le rebuter, l’attire ; l’élégant encorné connaît cela par sa longue fréquentation des corymbes de l’aubépine, à senteur amère. L’arbre étranger lui agrée si bien pour l’établissement de sa famille que la hache doit intervenir si je veux sauver ce qui me reste.

J’abats les tiges les plus compromises. D’un tronc débité par éclats j’obtiens une douzaine de larves du Capricorne. Des recherches sur les haies du voisinage me mettent en possession de l’insecte parfait. À nous deux maintenant, ravageur de mon berceau de verdure. Tu vas me dédommager de tes méfaits ; tu périras par le Scorpion.

Les adultes, en effet, succombent, et très vite ; mais les larves résistent. Logées dans un bocal, avec de menus morceaux de l’arbre abattu, tranquillement elles se remettent à ronger. Si les provisions ne se dessèchent, les blessées par le Scorpion achèvent sans encombre leur vie larvaire.

De façon pareille se comporte le Capricorne du chêne. Cerambyx heros. Le grand cornu périt ; son ver n’a souci de la piqûre, car, remis en place dans sa galerie, il travaille le bois comme avant et achève de se développer.

Même résultat avec le Hanneton vulgaire. En peu de minutes, l’insecte piqué se meurt ; le ver blanc, au contraire, tient bon, descend en terre, remonte à la surface pour ronger le trognon de laitue que je lui ai donné. Si ma patience d’éducateur ne se lassait, l’éprouvé, rapidement remis de l’accident, deviendrait Hanneton ; cela se voit à sa bedaine luisante de santé.