Aller au contenu

Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

mois d’écoulés depuis la première piqûre, et trois mois depuis la seconde. L’adulte est-il maintenant immunisé ?

Nullement. Soumis au Scorpion, mes douze vaccinés et revaccinés périssent tous, ni plus vite ni moins vite que leurs pareils, nés tranquilles dans leurs amas de feuilles pourries. Douze autres sujets, piqués, ceux-là, une seule fois, en mai, succombent avec la même promptitude. Pour les uns et pour les autres, mes manœuvres, qui m’inspiraient confiance au début, échouent piteusement, à mon extrême confusion.

Une autre méthode est tentée, celle de la transfusion du sang, ce qui touche de près au traitement par les sérums. Réfractaire au dard du Scorpion, le ver de la Cétoine doit avoir le sang doué de qualités spéciales, propres à neutraliser la virulence du venin. Transféré de la larve à l’adulte, ce sang ne pourrait-il communiquer ses énergies et rendre invulnérable l’insecte parfait ?


De la pointe d’une aiguille je blesse superficiellement un ver de Cétoine. Le sang jaillit, abondant. Je le recueille dans un verre de montre. Un tube de verre d’étroit calibre et finement affilé à un bout me sert d’injecteur. Par l’aspiration, je le charge de l’humeur recueillie, en variant la dose depuis un millimètre cube jusqu’à dix et vingt fois ce volume. Au moyen du souffle, je transvase le liquide en un point de la Cétoine adulte, en particulier à la face ventrale, où la pointe d’une aiguille a préparé la voie pour le fragile injecteur. L’insecte supporte très bien l’opération. Riche d’un peu de sang de larve et d’ailleurs sans blessure grave, il a toutes les apparences d’une excellente santé.

Or, qu’advient-il de ce traitement ? Rien du tout. J’at-