mois d’écoulés depuis la première piqûre, et trois mois depuis la seconde. L’adulte est-il maintenant immunisé ?
Nullement. Soumis au Scorpion, mes douze vaccinés et revaccinés périssent tous, ni plus vite ni moins vite que leurs pareils, nés tranquilles dans leurs amas de feuilles pourries. Douze autres sujets, piqués, ceux-là, une seule fois, en mai, succombent avec la même promptitude. Pour les uns et pour les autres, mes manœuvres, qui m’inspiraient confiance au début, échouent piteusement, à mon extrême confusion.
Une autre méthode est tentée, celle de la transfusion du sang, ce qui touche de près au traitement par les sérums. Réfractaire au dard du Scorpion, le ver de la Cétoine doit avoir le sang doué de qualités spéciales, propres à neutraliser la virulence du venin. Transféré de la larve à l’adulte, ce sang ne pourrait-il communiquer ses énergies et rendre invulnérable l’insecte parfait ?
De la pointe d’une aiguille je blesse superficiellement
un ver de Cétoine. Le sang jaillit, abondant. Je
le recueille dans un verre de montre. Un tube de verre
d’étroit calibre et finement affilé à un bout me sert
d’injecteur. Par l’aspiration, je le charge de l’humeur
recueillie, en variant la dose depuis un millimètre cube
jusqu’à dix et vingt fois ce volume. Au moyen du souffle,
je transvase le liquide en un point de la Cétoine adulte,
en particulier à la face ventrale, où la pointe d’une aiguille
a préparé la voie pour le fragile injecteur. L’insecte
supporte très bien l’opération. Riche d’un peu de
sang de larve et d’ailleurs sans blessure grave, il a
toutes les apparences d’une excellente santé.
Or, qu’advient-il de ce traitement ? Rien du tout. J’at-