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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/308

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

parmi les remarquables, fournissant un trait qui corrobore et complète les précédents. Je poursuis donc sous forme d’éphéméride.

25 avril 1904. — Holà ! qu’est donc ceci, non encore vu ? Ma surveillance, toujours au guet, pour la première fois assiste à l’affaire. Deux Scorpions sont en face l’un de l’autre, les pinces tendues et les doigts saisis. Ce sont d’amicales poignées de main, et non des préludes de bataille, car les deux associés se comportent de la façon la plus pacifique à l’égard l’un de l’autre. Il y a là les deux sexes. L’un est pansu et rembruni, c’est la femelle ; l’autre est relativement fluet et de teinte pâle, c’est le mâle. La queue joliment spiralée, le couple, à pas mesurés, déambule le long du vitrage. Le mâle est en tête et marche à reculons, sans secousses, sans résistance vaincue. La femelle suit obéissante, saisie par le bout des doigts et face à face avec son entraîneur.

La promenade a des haltes qui ne changent rien au mode de liaison ; elle a des reprises, tantôt par ici et tantôt par là, d’un bout à l’autre de l’enceinte. Rien n’indique vers quel but tendent les promeneurs. Ils flânent, ils musent, échangeant à coup sûr des œillades. Ainsi dans mon village, le dimanche, après vêpres, la jeunesse se promène le long des haies, chacun avec sa chacune.

Souvent ils virent de bord. C’est toujours le mâle qui décide de la nouvelle direction à prendre. Sans lâcher prise des mains, il fait gracieusement demi-tour et se range flanc contre flanc avec sa compagne. Alors, un moment, de sa queue couchée à plat, il lui caresse l’échine. L’autre ne bouge, impassible.

Une grosse heure je ne me lasse de ces intermina-