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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/338

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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

avec ses petits groupés sur l’échine en une sorte de mantelet blanc. J’eus là un de ces moments de douce satisfaction qui de loin en loin dédommagent l’observateur. Pour la première fois j’avais sous les yeux le superbe spectacle de la Scorpionne vêtue de ses petits. La parturition était toute récente ; elle avait dû se faire pendant la nuit, car la veille la mère était nue.

D’autres succès m’attendaient : le lendemain, une seconde mère est blanchie de sa marmaille ; le surlendemain, deux autres à la fois le sont aussi. Total, quatre. C’est plus que n’en souhaitait mon ambition. Avec quatre familles de Scorpions et quelques journées tranquilles, on peut trouver des douceurs à la vie.

D’autant plus que la chance me comble de ses faveurs. Dès la première trouvaille dans les bocaux, je songe à la cage vitrée ; je me demande si le Scorpion languedocien ne serait pas aussi précoce que le noir. Allons vite nous informer.

Les vingt-cinq tuiles sont retournées. Magnifique succès ! Je sens courir dans mes vieilles veines une de ces chaleureuses ondées familières à l’enthousiasme de mes vingt ans. Sous trois du total des tessons, je trouve la mère chargée de sa famille. L’une a des petits déjà grandelets, âgés d’une semaine environ, comme devait me l’apprendre la suite des observations ; les deux autres ont enfanté récemment, dans le cours de la nuit même, ainsi que l’affirment certains résidus jalousement gardés sous la panse. Nous allons voir tantôt ce que représentent ces résidus.

Juillet s’achève, août et septembre passent, et plus rien n’est résulté qui vienne augmenter ma collection. L’époque de la famille, pour l’un et pour l’aulre Scor-