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Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/41

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LA LYCOSE DE NARBONNE

indispensable, car la petite Lycose se meut, et très activement, lorsqu’il le faut. D’où ferons-nous dériver la chaleur dépensée dans l’action, lorsque l’animal ne prend absolument aucune nourriture ?

Un soupçon se présente. On se dit : sans être la vie, la machine est plus que matière, car l’homme y a mis un peu de son âme. Or la bête de fer, consommant sa ration de houille, broute en réalité l’antique frondaison des fougères arborescentes, où s’est accumulée l’énergie du soleil.

Les bêtes de chair et d’os ne font pas autrement. Qu’elles se dévorent entre elles ou qu’elles prélèvent tribut sur la plante, c’est toujours par le stimulant de la chaleur solaire qu’elles s’animent, chaleur emmagasinée dans l’herbe, le fruit, la semence et ceux qui s’en nourrissent. Le soleil, âme du monde, est le souverain dispensateur de l’énergie.

Au lieu d’être servie par l’intermédiaire de l’aliment et de passer par l’ignominieux détour de la chimie intestinale, cette énergie solaire ne pourrait-elle pénétrer directement l’animal et le charger d’activité, de même que la pile charge de force un accumulateur ? Pourquoi ne pas se sustenter de soleil lorsque, en dernière analyse, nous ne trouvons pas autre chose dans la grappe et le fruit mangés ?

La chimie, audacieuse révolutionnaire, nous promet la synthèse des substances alimentaires. À la ferme succédera l’usine. Pourquoi la physique n’interviendrait-elle pas, elle aussi ? Elle abandonnerait aux cornues la préparation de l’élément plastique ; elle se réserverait l’aliment énergétique, qui, ramené à son exacte expression, cesse d’être matière. À l’aide d’in-