Aller au contenu

Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
L’EXODE DES ARAIGNÉES

la palette d’un aviron, accomplissent, chassées par la tempête, les plus lointaines migrations.

Or, comme la plante, l’insecte a, lui aussi, parfois des appareils de voyage, des moyens de dissémination, qui permettent aux familles nombreuses de se disperser rapidement dans la campagne, afin que chacun, sans nuire à ses voisins, ait son domaine au soleil ; et ces appareils, ces méthodes, luttent d’ingéniosité avec la samare de l’Orme, l’aigrette des Pissenlits, la catapulte du Concombre d’âne.

Considérons en particulier les Épeires, superbes araignées qui, pour capturer leur proie, tendent verticalement, d’un buisson à l’autre, de grandes nappes à mailles, rappelant celle de l’oiseleur. La plus remarquable de ma région est l’Épeire fasciée (Epeira fasciata, Walck.), si joliment ceinturée de jaune, de noir et de blanc argenté. Son nid, gracieuse merveille, est une sacoche de satin, en forme de mignonne poire. Le col de l’objet se termine par une embouchure concave dans laquelle est enchâssé un opercule également en satin. Des rubans bruns, capricieux méridiens, ornent la pièce d’un pôle à l’autre.

Ouvrons le nid. Qu’y trouvons-nous ? Nous l’avons déjà vu dans le précédent volume ; répétons-le. Sous l’enveloppe générale, aussi tenace que nos tissus, et de plus parfaitement imperméable, est un édredon roux d’exquise finesse, une bourre soyeuse rappelant un flocon de fumée. Nulle part les tendresses maternelles ne préparent couchette aussi moelleuse.

Au centre de ce doux amas est suspendue une fine bourse de soie ayant la forme d’un dé à coudre, et fermée d’un couvercle mobile. Là sont enfermés les œufs,