Aller au contenu

Page:Fabre - Souvenirs entomologiques edition7 Serie 9.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

manifestes : les loques du tissu déchiré sont dirigées vers l’extérieur ; en outre, par la brèche s’épanche toujours une coulée de l’édredon roux remplissant la sacoche. Au sein de la bourre sortie, les petites Araignées, chassées de chez elles par l’explosion, s’agitent affolées.

Les ballons de l’Épeire fasciée sont des bombes qui, pour libérer leur contenu, éclatent sous les rayons d’un soleil torride. Il faut à leur rupture l’averse de feu des jours caniculaires. Conservés dans l’atmosphère clémente de mon cabinet, la plupart ne s’ouvrent pas, et la sortie des jeunes n’a pas lieu, à moins que je n’intervienne moi-même ; d’autres, assez rares, se percent d’un pertuis rond qui semble fait à l’emporte-pièce, tant il est net. Cet orifice est l’ouvrage des reclus, qui, se relayant, ont, d’une dent patiente, troué l’étoffe en un point quelconque de l’ampoule.

Exposés, au contraire, aux violences du soleil, sur les romarins de l’enclos, les ballons éclatent en expulsant un flot roux de bourre et d’animalcules. C’est de la sorte que les choses se passent dans la libre insolation des champs. Sans abri aucun, parmi les broussailles, la sacoche de l’Épeire fasciée, quand viennent les ardeurs de juillet, se déchire par la poussée de l’air inclus. La mise en liberté est une explosion de la demeure.

Une minime partie de la famille est expulsée avec le flot de bourre fauve ; la grande majorité reste dans la sacoche, éventrée, mais toujours gonfle d’édrodon. Maintenant que la brèche est ouverte, sort qui veut, à son heure, sans se hâter. D’ailleurs, avant l’émigration, un acte grave doit s’accomplir. Il faut faire peau