Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/35

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Je ne m’en plaindrai pas ; je l’aurai mérité.

ALCESTE.

Mais cet homme est perdu, ruiné, sans ressource.

PHILINTE.

Eh bien ! c’est un trésor qui changera de bourse.

ALCESTE.

Quelle horreur !

PHILINTE.

Quelle horreur ! Mais pas tant que vous l’imaginez.

ALCESTE.

Vous me faites frémir !

PHILINTE.

Vous me faites frémir ! Ah ! frémir !… Devinez,
Vous, monsieur, qui savez la fin de toutes choses,
Ce qu’il peut résulter des plus injustes causes.
Tout est bien.

ALCESTE.

Tout est bien.Savez-vous que vous extravaguez ?

PHILINTE.

Tout est bien : et le fait qu’ici vous alléguez
De cette vérité peut prouver l’évidence.
L’adresse avec succès a volé l’imprudence :
C’est un mat. Eh bien ! soit. Que le vol soit remis,
Le mal restera mal toujours ; il est commis.
Que le fripon triomphe, il lui faut des complices.
Des agents, des suppôts : par mille sacrifices,
De mille parts du vol il sera dépouillé ;
Le trésor coule et fuit ; distribué, pillé,
Il se disperse : enfin, par un reflux utile,
La fortune d’un homme en enrichit deux mille.
Un sot a tout perdu, mais l’État n’y perd rien.
Ainsi j’ai donc raison de dire : Tout est bien.

ALCESTE.

Ô mœurs !

PHILINTE.

Ô mœurs ! Ô clarté ! Moi, je prêche ici…

ALCESTE.

Ô mœurs ! Ô clarté ! Moi, je prêche ici…Des crimes.
Je ne veux pas répondre à ces lâches maximes.