Scène III
Nous avons fait, Alceste, une vaine entreprise.
Je ne puis vous aider. Je suis femme, et soumise…
Philinte a des raisons qui fondent son refus ;
Oui, j’avais trop promis. Mon esprit est confus…
Madame, sur vos soins, je ne forme aucun doute.
Allons, puisqu’on agit de la sorte, j’écoute
Le seul cri de mon cœur et son noble penchant.
Je vais trouver votre oncle ; oui, moi, moi, sur-le-champ ;
Et, quelque risque enfin que je coure moi-même
À me montrer à tous, quand un arrêt suprême
Menace dans ces lieux ma liberté…
Vous exposer ainsi ?
Si de mes ennemis la force m’environne,
Ils verront à quel prix je livre ma personne ;
Et j’aurai le plaisir d’ajouter cet affront
Aux mille autres encore imprimés sur leur front,
Que j’éprouvai toujours leur noire violence,
Dans le moment précis d’un trait de bienfaisance.
Il fera beau me voir sauvant un inconnu.
Par la main des méchants dans les fers détenu.
Nous ne permettrons pas que, par excès de zèle,
Vous couriez le danger…
Peut disposer de moi tout comme il lui plaira.
Votre oncle m’est connu, son cœur m’écoutera,
Et j’en obtiendrai tout ; j’en suis sûr, oui, j’y compte,
Je serais bien fâché d’épargner cette honte