Page:Fabre d’Églantine - Le Philinte de Molière, 1878.djvu/47

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LE PROCUREUR

Un billet ? Oui, monsieur, constituant la somme
De deux cent mille écus.

ALCESTE.

De deux cent mille écus.Ah ! C’est un honnête homme,
Dont je fais très grand cas, qui vous envoie ici.

LE PROCUREUR

Précisément.

ALCESTE.

Précisément.Il faut…

LE PROCUREUR

Précisément.Il faut…Le payer.

ALCESTE.

Précisément.Il faut…Le payer.Qu’est ceci ?

LE PROCUREUR

C’est un billet, monsieur, qu’il faut payer sur l’heure.

ALCESTE.

Qui ? moi ?

LE PROCUREUR

Qui ? moi ? Vous. N’est-ce pas ici votre demeure ?

ALCESTE.

Oui. Qui donc êtes-vous, monsieur, à votre tour ?

LE PROCUREUR

Je me nomme Rolet, procureur en la cour.

ALCESTE.

N’est-ce pas pour l’affaire importante et pressée
Qui de mon avocat occupe la pensée ?
Et ne s’agit-il pas d’un billet clandestin,
Dont ce monsieur Phœnix m’a parlé ce matin ?

LE PROCUREUR

Oui, monsieur. Ce billet, ou bien lettre de change,
Au gré de ma partie en mes mains passe et change.
Maître Phœnix n’est plus chargé de ce billet ;
Et c’est moi qui poursuis le paiement, s’il vous plaît.

ALCESTE.

Quoi donc ? mon avocat, de cette grande affaire…

LE PROCUREUR

Ne se mêlera plus, et n’a plus rien à faire.
C’est moi qui, mieux que lui, soigneux et vigilant,