Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/228

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Grecs, au temps de Socrate, cette idée naît : la morale, c’est-à-dire devenir personnellement meilleur, c’est-à-dire être aimé de ses voisins et proches, c’est-à-dire être inoffensif, la morale est quelque chose qui est supérieur à tout et qui doit régler tout, et par rapport à quoi tout doit se régler et à quoi tout se doit subordonner.

Vous parlez de science ? Cela ne signifie pas grand’chose, et le plus savant est encore celui qui sait qu’il ne sait rien ; mais si quelque chose existe qui s’appelle savoir, il n’a de valeur qu’en tant : 1° qu’il n’est pas contraire à la morale ; 2° qu’il y tende, qu’il y achemine, qu’il lui serve et qu’il l’appuie.

Vous parlez de politique et de sociologie ? La politique n’a de valeur que si elle a pour but de rendre les hommes heureux en les rendant meilleurs et si elle y réussit et par conséquent si elle est, uniquement et strictement, un soldat de la morale, un ouvrier de la morale et une servante de la morale.

Vous parlez d’arts ? Ce sont choses méprisables comme la cuisine ou la cosmétique, sauf pourtant, ce dont il est douteux qu’ils soient capables, s’ils servent à enseigner la morale ou à l’inspirer.

Ramener toutes les occupations humaines, tous les travaux humains, tous les efforts humains et