Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/25

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homme avisé, la diminution de son influence par la mort. Lessing subsiste encore aujourd’hui ; mais parmi les savants jeunes et toujours plus jeunes ! Et Schiller est sorti maintenant des mains des jeunes gens pour tomber dans celles des petits garçons, de tous les petits garçons allemands. C’est pour un livre une façon de vieillir que de descendre à des âges de moins en moins mûrs… »

Toujours est-il qu’il se dégermanisait de plus en plus et qu’il se sentait attiré vers les pays de clarté et les horizons à la ligne nette. C’est à cette époque-là, c’est-à-dire vers 1870, qu’il découvrit la Grèce. Avait-il déjà eu quelque goût d’hellénisme étant écolier, au gymnase ? Il serait assez intéressant de le savoir. Je n’en sais rien ; mais la chose n’a du reste qu’un intérêt de curiosité, la seule éducation qui compte étant la seconde, celle qu’on se donne à soi-même ; et les véritables goûts, les goûts profonds, ceux qui demeurent toute la vie, se formant entre la vingtième année et la trentième. C’est donc vers 1870, comme il l’a dit très nettement dans sa préface des Origines de la Tragédie grecque et dans ses notes sur cet ouvrage, qu’il se prit pour la Grèce d’un goût profond, d’une véritable passion amoureuse, d’une manière de dévotion. Ce fut pour lui une nouvelle lumière. Il dut se dire, il se dit certainement :