Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/283

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c’est qu’on se trompe sur les remèdes à y apporter, erreur dans laquelle il se peut qu’on ne persiste point.

De plus, au milieu de cette décadence, au milieu de ces déchets et détritus, il y a des symptômes de retour possible à la vie normale de l’humanité, à la vie rude, à la vie de force, à la vie guidée et menée par la volonté de puissance. Les philosophes humanitaires gémissent de ce que le xixe siècle, le siècle des lumières, est, après tout, celui où plus qu’en aucun autre, assurément autant qu’en aucun autre, s’est affirmé et déchaîné le droit de la force. Cela peut être mauvais sans doute ; car, sans l’instinct de grandeur et de beauté, l’instinct de force lui-même est mauvais en ce qu’il est incomplet, en ce qu’il ne produit pas à lui seul une grande civilisation ; mais ce n’est pas là, pour autant, un mauvais symptôme. On y peut raisonnablement puiser, c’est peut-être un devoir d’y puiser un motif de « foi en la civilisation de l’Europe ». Considérez ceci : « c’est à Napoléon et nullement à la Révolution française, qui cherchait la fraternité entre les peuples et les universelles effusions fleuries, que nous devons de pouvoir pressentir maintenant une suite de quelques siècles guerriers, qui n’aura pas son égale dans l’histoire, en un mot d’être entrés [rentrés] dans l’âge classique de la guerre, de