Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/305

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j’en imagine, n’en étant pas du tout sûr. J’ouvre un referendum sur cette énigme ; je recevrai avec gratitude les solutions que l’on voudra bien me communiquer.

Pour être toujours simple et un dans ses manifestations, il ne faudrait pas croire, bien entendu, que l’art classique soit toujours le même, qu’il n’y ait qu’un art classique. Il y en a au moins deux genres très différents, opposés, nullement contraires, mais opposés. Il y a deux grandes espèces d’art classique, « celle de la grande tranquillité et celle du grand mouvement » [sans doute Virgile et Homère ; Gœthe et Shakspeare] et ces deux espèces sont légitimes et admirables ; et puis il y a des « espèces bâtardes de l’art ». À côté et au delà de l’art de grande tranquillité, il y a « l’art blasé et avide de repos ». À côté et au delà de l’art de grand mouvement il y a « l’art agité », et ces deux espèces « souhaitent que l’on prenne leur faiblesse pour de la force et qu’on les confonde avec les espèces véritables ».

C’est à l’art blasé et avide de repos qu’il faut rattacher le romantisme allemand ; c’est à l’art agité plutôt qu’il faut rattacher le romantisme français. Le romantisme français (sauf certaines parties d’art élégiaque, dues peut-être à l’influence allemande et à l’influence des romans anglais et prove-