Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/65

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qui sont excellemment antinaturelles : la justice et l’égalité ; et où elle va, c’est à une chose qui est abominablement antiesthétique, c’est à-dire antinaturelle encore, la médiocrité et la platitude. Écoutez-les, « les tarentules ». Écoutez-les parler de justice, c’est-à-dire d’envie et de vengeance : « C’est précisément ce que nous appelons justice quand le monde se remplit des orages de notre vengeance. » — Ainsi parlent entre elles les tarentules. — « Nous voulons exercer notre vengeance sur tous ceux qui ne sont pas à notre mesure et les couvrir de nos outrages. » — « C’est ce que se jurent en leurs cœurs les tarentules. » — « Et encore : volonté d’égalité, c’est ainsi que nous nommons dorénavant la vertu et nous voulons élever nos cris contre tout ce qui est puissant »… « C’est une mauvaise race ; ils ont sur le visage les traits du bourreau et du ratier. Méfiez-vous de tous ceux qui parlent beaucoup de leur justice… Mes amis, je ne veux pas que l’on me mêle à d’autres et qu’on me confonde avec eux… C’est avec ces prédicateurs d’égalité que je ne veux pas être mêlé et confondu. Car, ainsi me parle la justice : les hommes ne sont pas égaux. »

Nietzsche ne tarit pas sur les « tarentules ». Il considère les socialistes comme la race « la plus honnête, la plus bornée et la plus malfaisante de l’Univers ». Il la tient pour amoureuse d’uniformité, de