Page:Faguet - La Poésie française, 1911.djvu/379

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Et je vois, souverain tranquille,
Sur son poids la terre immobile
Au centre de cet univers.

Fier mortel, bannis ces fantômes,
Sur toi-même jette un coup d’œil.
Que sommes-nous, faibles atomes,
Pour porter si loin notre orgueil ?
Insensés ! nous parlons en maîtres,
Nous qui dans l’océan des êtres
Nageons tristement confondus ;
Nous dont l’existence légère,
Pareille à l’ombre passagère,
Commence, paraît, et n’est plus !
 
Portés du couchant à l’aurore
Par un mouvement éternel,
Sur leur axe ils tournent encore
Dans les vastes plaines du ciel.
Quelle intelligence secrète
Règle en son cours chaque planète
Par d’imperceptibles ressorts ?
Le Soleil est-il le génie
Qui fait avec tant d’harmonie
Circuler les célestes corps ?
 
Au milieu d’un vaste fluide
Que la main du Dieu créateur
Versa dans l’abîme du vide,
Ces astre unique est leur moteur.
Sur lui-même agité sans cesse,
Il emporte, il balance, il presse
L’éther et les orbes errants ;
Sans cesse une force contraire
De cette ondoyante matière
Vers lui repousse les torrents.

Oui, notre sphère, épaisse masse,
Demande au Soleil ses présents ;
A travers sa dure surface
Il darde ses feux bienfaisants.
Le jour voit les heures légères
Présenter les deux hémisphères
Tour à tour à ses doux rayons ;
Et sous les signes inclinée,
La Terre, promenant l’année,
Produit des fleurs et des moissons.