Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

village, ou par canton ou par arrondissement, ou par département, ou par province ; mais, entre ces différentes églises, nous n’admettrons aucun lien, aucuns rapports, aucune connexion » ? C’est bien arbitraire, c’est même le comble de l’arbitraire, et remarquez que c’est se mêler de l’administration des églises ; c’est entrer chez elles ; c’est rétablir la suprématie de l’Etat, c’est retomber dansla « formule libérale décisive », c’est-à-dire dans la formule despotique.

De plus, il est trop évident qu’il est de l’essence même d’une Eglise comme d’une doctrine philosophique quelconque, d’opérer sa propagande par vastes étendues de territoire. Vous, francs-maçons, vous vous savez très nombreux, je suppose, à Lyon, très peu nombreux, quasi nuls, à Lesneven. Ce vous est une raison, non pas de vous cantonner à Lyon, mais de semer un noyau à Lesneven, et c’est tout à fait votre droit, si la liberté de penser est un droit, d’agir ainsi, et c’est votre devoir d’hommes convaincus, et, si votre doctrine est la bonne, c’est l’intérêt même de l’humanité. De même Calvin chérissait d’une dilection particulière ses petites « églises des îles » (Oléron, Ré, etc.). Une Eglise libre de France ne peut donc exister réellement que si elle rayonne sur tout le territoire, les paroisses riches venant au secours des paroisses pauvres, les collèges de fidèles qui sont importants soutenant les collèges de fidèles moins nombreux et plus