Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/159

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rait sur moi ce ne serait donc pas un impôt, mais un tribut, comme un vainqueur impose à un vaincu l’obligation d’en payer un. C’est exactement ce que fait l’État en faisant payer ses professeurs par des gens qui en ont d’autres. Elle les taxe d’une contribution de guerre. C’est un peu barbare.

C’est cependant le régime le plus libéral qu’admettent en France les gouvernements du xixe et du xxe siècle jusqu’aujourd’hui. Après tout, comme je l’ai dit, il reconnaît le droit. Il reconnaît le droit tout en le blâmant, il reconnaît le droit tout en le combattant ; il le reconnaît tout en le faisant acheter ; il reconnaît le droit : mais il lui fait payer « un droit » ; il reconnaît la liberté : mais il lui fait payer l’amende.

C’est beaucoup trop libéral pour la plupart des « républicains de gouvernement », c’est-à-dire des républicains de despotisme. Ils veulent arriver à ceci que l’État seul dispense l’instruction. Leurs raisons sont les suivantes.

Il ne faut pas deux Frances, il ne faut pas deux pays ; il faut ce maintenir l’unité morale du pays ». L’État seul, en donnant aux enfants les idées de M. le Ministre de l’instruction publique à l’exclusion de toutes autres, maintiendra l’unité morale du pays.

C’est le raisonnement de Louis XIV lors de la Révocation de l’Edit de Nantes ; et l’histoire est si bien un perpétuel recommencement, avec chan-