Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/187

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ment, de pédagogie, de haute science et de liante curiosité, que des questions politiques ; il gorgera les programmes d’instruction civique, d’histoire de la Révolution et de morale laïque et indépendante ; il multipliera les chaires de sociologie ; jamais son corps enseignant ne s’occupera assez de politique, pourvu que ce soit de la politique favorable au gouvernement. Il fera apprendre par cœur la Déclaration des Droits de l’homme, qu’il a peu étudiée, mais dont il a beaucoup entendu parler, et s’apercevra après coup que c’est le plus terrible pamphlet contre le gouvernement dont il est et contre le régime qu’il représente qui ait jamais été écrit sur la planète et qu’autant vaudrait faire apprendre par cœur aux jeunes élèves les articles des journaux de l’opposition.

Il sera infiniment gêné dans le maniement de ses fonctionnaires. Les uns, peu favorables au gouvernement, feront strictement leur métier, le feront très bien du reste, le feront d’autant mieux qu’ils se sentiront suspects. Ils lui seront en horreur ; mais comment les frapper ? D’abord ce ne serait pas juste ; mais ceci est peu important ; ensuite les familles seraient mécontentes, ce qui, s’il reste un lambeau d’enseignement libre dans le pays, est assez grave, ce qui, même s’il ne reste dans le pays, en dehors de l’enseignement d’Etat, que l’enseignement domestique, est grave encore ; ce qui, même si l’enseignement domestique lui-même