— « Tant mieux ! » dira un député. Les députés ne raisonnent pas autrement, et quand ils sont candides ne parlent pas d’autre sorte.
Supposez que le corps enseignant soit la création et l’œuvre d’une ou plusieurs associations de citoyens libres. Supposez que par exemple en France la bourgeoisie philosophe ait, vers la fin du xviiie siècle, créé un enseignement laïque tout aussi indépendant des Jésuites, des Oratoriens et des évêques que du gouvernement. Le gouvernement, qui alors ne se mêlait pas du tout d’enseignement, et l’on sait que l’ancien régime était beaucoup plus autoritaire que les gouvernements modernes, n’aurait pas songé, à un moment donné, à créer de toutes pièces un enseignement laïque, et nous aurions en France un corps enseignant laïque, puissant, rival de l’enseignement ecclésiastique, ce qui est un bien ; mais qui ne serait pas entre les mains du gouvernement, qui ne serait pas intoxiqué de politique, qui ne serait pas composé de quelques adversaires du gouvernement paralysés par la suspicion, de beaucoup d’ambitieux portés à se faire les agents du gouvernement pour avancer et d’une grande majorité enfin qui n’étant ni de ceux-ci ni de ceux-là, fait nonchalamment son métier parce qu’elle sait que ce n’est pas le bien faire qui mène d’ordinaire à quelque chose ; un corps enseignant, enfin, qui serait maintenu par ses fondateurs et appuis dans les voies moyennes et parti-