qu’à ne pas les prendre ; ces lois il n’y a qu’à ne pas les édicter. Un président d’assemblée, M. Deschanel, comprenant très bien son rôle, disait un jour : « Mais, Messieurs, le premier devoir d’un président est de protéger la minorité. » Trop souvent le gouvernement dit, au contraire : « Le premier devoir du gouvernement est de protéger la majorité. » C’est une erreur et une erreur très funeste aux intérêts du pays. C’est contre cette erreur qu’Eugène Pelletan a encore protesté avec éloquence : « On prend, de part et d’autre, en allant à l’élection, l’engagement tacite que le scrutin respectera toujours la liberté de pensée. Le parti vaincu à l’élection doit toujours pouvoir dire au vainqueur : Nous avons comparu, toi et moi, devant le jury de la nation. Son verdict m’a condamné en première instance ; je me résigne à ma défaite ; mais je conserve toujours le droit de conquérir à mon tour la majorité en prouvant au pays que j’ai raison et en ramenant le nombre à ma croyance… Tout parti représente un élément de la société et correspond à un besoin de la société. S’il n’y avait que le parti du progrès, l’humanité ne prendrait jamais le temps de la réflexion ; s’il n’y avait que le parti du passé, l’humanité ne perfectionnerait jamais sa destinée. S’il n’y avait qu’un parti, l’humanité, sans regret comme sans désir, tomberait en léthargie. L’action et la réaction des partis les uns sur les autres, comme l’action et la réaction des organes
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