Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour le moment elle ne nous entretient que de l’objet particulier, très modeste, qu’elle s’est proposé. Mais vienne le succès, elle prétendra que l’on compte avec elle d’une façon générale, elle prendra une importance sociale. Il faudra l’avoir pour soi dans les élections ou dans tout autre mode de fonctionnement de la machine nationale. Toute association qui naît, c’est un « ordre de l’État » qui commence, qui peut avorter, mais qui peut grandir, se développer et devenir puissant. Toute association qui naît porte en elle une aristocratie qui veut naître. Il ne faut aucune liberté d’association dans un État égalitaire. L’égalité redoute, repousse et proscrit toute liberté d’association.

Elle ne repousse pas moins cette extension de la liberté individuelle qu’on appelle la propriété individuelle. Ici il n’y a pas besoin d’insister. La propriété est tellement une « aristocratie » ; elle est tellement une supériorité et visible au premier regard, palpable et offensant la vue, que l’esprit égalitaire l’a en horreur. Le socialisme, qui n’est au point de vue politique qu’une forme du monarchisme, au point de vue social qu’une forme de l’égalitarisme, est beaucoup plus fort en ce qu’il est un instinct d’égalité que par ses considérations sur la déperdition des forces, des efforts et des richesses et sur l’anarchie concurrentielle. Ceci n’est que le vernis scientifique. Au fond, il est