et de moment. Une race énergique, qui n’est ni conquise, ni trop conquérante, ni trop menacée, au moment du plein développement de son énergie, de sa raison et de ses lumières — il y faut, je crois, toutes ces conditions — peut se demander si l’Etat, si ce qui la gouverne, homme, groupe, classe ou majorité, a besoin qu’on lui obéisse en tout, intégralement et servilement, comme soldat à son général, pour que la société subsiste ; et elle s’aperçoit que cela n’est pas du tout nécessaire ; et elle établit dans la société qu’elle constitue une certaine somme de libertés, garanties par la Constitution même et par les lois. — Il y a un autre cas, qui, du reste, est le plus fréquent ; c’est celui où, au contraire, la race est faible et par conséquent le gouvernement aussi, et où, sans garanties précises de la Constitution et des lois, des libertés s’établissent, par les mœurs, par les habitudes et par la faiblesse du pouvoir central ; mais ces libertés ne sont que des relâchements, symptômes de décadence et prodromes de mort prochaine, et nous ne nous occuperons aucunement de cet état de société dans le cours de ce volume.
Nous envisagerons seulement les libertés qui sont des forces, individuelles ou collectives, voulant vivre et être fécondes dans le sein même de la société.
Ces forces, qui prétendent ne pas se donner tout entières à l’Etat, se réserver à elles-mêmes pour une