Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/332

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tout de suite : « Mais, dans liberté, le parti que je déteste ne serait pas opprimé, et alors que deviendrait la France ? » En conséquence de quoi, à quelque parti qu’il appartienne, de la liberté il a terreur et horreur.

C’est en exploitant cet état d’esprit, c’est en mettant à profit ce penchant invincible, que les gouvernements ont toujours obtenu autant de despotisme qu’ils ont voulu. Les gouvernements monarchiques, Empire et Restauration, ont dit à leurs partisans : « La liberté, je n’en suis pas ennemi, je la voudrais peut-être ; mais songez qu’elle profiterait aux républicains, que les républicains en profiteraient ! » Il suffisait. Ils étaient aussi despotiques qu’ils le désiraient, quelquefois plus.

Le gouvernement semi-absolutiste, semi-libéral, de 1830, disait à ses partisans et disait à la France entière : « La liberté, je la désire tellement que j’en suis le représentant ici-bas ; j’en suis le fils, j’en suis l’esprit et j’en voudrais être le père. Mais songez qu’elle profiterait aux cléricaux, que les cléricaux en profiteraient. » Il suffisait. La liberté était toujours saluée, honorée, proclamée, adorée et ajournée.

Une bonne formule, du reste, avait été trouvée. Comme une partie considérable des Français, sinon la majorité, est anticléricale, sans que j’aie jamais pu arriver à savoir pourquoi ; et comme elle ne le sait pas non plus, ce n’est pas à elle