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conserver. Le but minimum de l’État dans un petit pays non menacé par des voisins, c’est d’assurer l’ordre et la paix par une bonne justice et une bonne police. Police et justice, voilà les « choses d’État » dans un petit pays.

Dans un grand ? Dans un grand, restent d’abord celles-là ; s’y ajoutent celles qui sont nécessitées par les causes qui ont fait qu’il y a un grand État au lieu d’un petit. Pourquoi existe-t-il, ce grand État ? Parce qu’il a des voisins qui sont grands aussi et qui le menacent sans cesse. Il a donc pour buts : d’abord la paix et l’ordre, comme un État quelconque ; ensuite la défense, parce qu’il est un État grand. Doivent donc être choses d’État dans ce grand État, de par une addition bien faite : la police, la justice, la force militaire.

Et puis ensuite ? Et puis ensuite, rien du tout, sauf l’argent nécessaire à tout cela. Donc budget d’État, police d’État, justice d’État, armée d’État. Et ensuite ? Et ensuite, rien. Tout le reste dépasse le but de l’État, et par conséquent dépasse son droit, si je puis parler ainsi.

J’ai bien reconnu que l’État a tous les droits ; mais on peut dire qu’il est contre le droit d’user d’un droit qui ne répond pas à un besoin, qu’il est contre le droit d’user de son droit pour le seul plaisir d’en user et quand cela n’est point nécessaire. J’ai le droit de légitime défense. Je suis un très honnête homme si j’en use à la dernière extrémité.