tion est un mystère, que c’est bien une « grâce » qui est faite à un homme et que cette grâce, qu’elle consiste à recevoir directement une lumière d’en haut ou qu’elle consiste à recevoir la puissance de ramasser en soi la lumière diffuse dans tout un peuple, est exactement la même chose.
Or, j’ai le malheur de ne pas croire à la grâce, et cette théorie mystique n’a pas accès en moi. Au fond, et même sans creuser le moins du monde, elle est une simple transposition de la théorie monarchique. « L’âme de la nation est dans l’Etat », quand on ouvre cette formule, cela veut dire que le Roi est seul intelligent, parce qu’il est l’élu de Dieu et le protégé de Dieu. Quand le Roi manque, on invente cette théorie de l’Etat mystique. On imagine que l’Etat pense et que l’individu ne pense pas, ce qui est vague, indémontrable et insignifiant, pour en arriver, dans la pratique, à dire que le gouvernement est infaillible. Ce que le monarchiste fondait sur une communication directe entre Dieu et le Roi, l’Etatiste le fonde sur une « âme de la nation », qui n’aurait de communication et de confidence que pour le gouvernement, et qui n’aurait pour vous et moi que des apparences fuyantes et de décevantes ombres. Cette âme c’est le Dieu moderne versant sa grâce sur son élu.
Je ne crois pas qu’un esprit positif puisse s’arrêter très longtemps à cette conception qui n’est pas autre chose qu’un monarchisme dégénéré. Elle