Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/88

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une part, celle que vous pouvez, protégé par la loi et la police, dans l’Etat où vous êtes né ; mais quant à vous garantir que personne ne vous donnera le désagrément d’y être plus haut que vous, quel droit avez-vous, pouvez-vous avoir à cela ? Quel Dieu a déclaré que l’inégalité, et atroce, régnant partout dans la nature, les hommes doivent être égaux ? « J’ai droit personnellement à ce que personne ne soit plus que moi » est une véritable ànerie. L’égalité considérée comme droit de l’homme est un pur non-sens.

Aussi les Conventionnels, qui ont mis ce prétendu droit dans leur Déclaration n’y ont pas cru. Non, certes, ils n’y ont pas cru. Il n’y a pour s’en convaincre qu’à rapprocher leur principe du commentaire qu’ils donnent de leur principe, qu’à rapprocher de leur dogme la glose qu’ils donnent de leur dogme. Le dogme c’est que l’égalité est un droit de l’homme, le premier des droits de l’homme : « Le gouvernement est institué pour garantir à l’homme la jouissance de ses droits sacrés et imprescriptibles. Ces droits sont : l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété. » Voilà le principe. Le commentaire sur le principe est dans les articles III, IV et V : « Tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi. La loi est l’expression libre et solennelle de la volonté générale ; elle est la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse… Tous les citoyens sont également ad-