Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/258

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J’ai à peine besoin de dire maintenant comment l’égalité est ennemie de la liberté d’association ; car je viens, chemin faisant, de l’indiquer. Une association est toujours une élite ou croit l’être, ce qui revient au même pour nos répugnances, et les hommes ne forment une association que précisément pour former une élite, un faisceau de forces, une fédération de volontés, à l’effet d’être plus puissants que les individus dissociés ou associés seulement dans la vaste association de l’Etat. Toute ligue constituée pour ceci, pour cela ou pour autre chose, devrait être interdite au moment qu’elle naît, avant qu’elle ne naquit. Car qu’est-ce qu’elle veut ? Poursuivre un dessein particulier qui n’est pas celui de l’Etat. Eh bien, ce n’est pas permis. C’est dire que l’Etat ne songe pas à tout. C’est faire déjà la critique et une critique insolente, je ne dis pas seulement du gouvernement, mais de l’ensemble de la nation à qui l’on semble dire qu’elle a besoin d’être éclairée et dirigée par d’autres que le gouvernement qu’elle s’est donné. Qu’est-ce qu’elle veut encore, cette ligue ? Surtout se distinguer de la foule, avoir un nom particulier, une devise particulière, des insignes distinctifs. Un nom particulier quand on s’appelle citoyen français ! Des insignes distinctifs quand on n’est pas fonctionnaire ! C’est absolument contraire à l’égalité démocratique. Je ne parle pas des ambitions lointaines de cette ligue.