Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/26

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ce qui est, du reste, absolument nécessaire pour les besoins du défrichement, de la guerre contre les fauves et de la guerre contre les autres hommes.

A remonter plus haut, on ne doit rien dire, parce qu’on ne sait rien. Ce serait faire de la métaphysique historique, jeu agréable et inutile.

Donc l’homme est né esclave, et le despotisme est la forme naturelle des sociétés humaines.

Ce n’est pas à dire que c’en soit la forme nécessaire. Sans croire au progrès, puisqu’il est indémontré et indémontrable, je crois au changement et à l’amour du changement parmi les hommes, comme précisément à leur trait distinctif parmi les autres animaux ; et je crois particulièrement à leur goût éternel de sortir de l’état despotique pour conquérir la somme de liberté individuelle la plus grande possible. En tout temps, à l’exception, naturellement, de ceux qui gouvernent, les hommes voudraient que les hommes n’obéissent point ; et les uns, dans ce désir, vont jusqu’à souhaiter l’abolition de la société elle-même, considérée comme nécessitant le despotisme sous une forme ou sous une autre, les autres cherchent une forme de société où la liberté ait une part et la part la plus grande possible.

Ils y arrivent de temps en temps. Le despotisme est la forme naturelle des sociétés ; mais on y échappe quelquefois, pour un temps, quitte à y retomber plus tard. C’est affaire de race, de milieu