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Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/104

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cercle vicieux provenant des faits eux-mêmes.

S’il y a tromperie, il suffit de ne pas être dupe. Disons aux gouvernements : « Tous les gouvernements sont militaristes ; mais aucun peuple ne l’est. Aucun peuple ne veut conquérir, aucun peuple ne veut se battre. Chaque peuple n’a rien à craindre de son voisin. Désormais, la paix universelle est faite. »

S’il y a cercle vicieux provenant des faits eux-mêmes : si le peuple A ne peut désarmer que quand le peuple B aura désarmé et si le peuple B ne peut désarmer que quand aura désarmé le peuple A et du reste aussi le peuple C, n’est-ce pas pitié que l’humanité soit enserrée dans un cercle vicieux pour ainsi dire enfantin ? Et ne suffirait-il pas d’un quart d’heure de conversation loyale pour en sortir ? Ne suffirait-il pas d’en sortir un seul jour pour en être sorti à tout jamais ?

La guerre, l’état belliqueux, pour mieux parler, est une illusion entretenue par des habiles. C’est une nécessité illusoire ; c’est une prétendue nécessité. Il suffirait de n’y pas croire pour qu’elle n’existât pas. Plût à Dieu que toutes les nécessités fussent de ce genre ! L humanité est attachée à l’état belliqueux comme la poule est attachée à la ligne, tracée à la craie depuis sa patte jusqu’au mur. Elle n’y est attachée que parce qu’elle croit l’être.